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Fatoum Akacem, P.-dg de Saidal : “S'ouvrir davantage aux marchés extérieurs”

Fatoum Akacem, P.-dg de Saidal : “S'ouvrir davantage aux marchés extérieurs”

Rédigé par Kheireddine Batache / Entretien / samedi, 19 septembre 2020 08:43

L’ACTUEL : Avant tout, on tient à vous remercier, Mme la P.-dg, d’avoir accepté de nous accorder cet entretien ! Pouvez-vous nous faire une présentation succincte de votre parcours ?

Mme Fatoum Akacem : Je suis titulaire d’un diplôme de Docteur d’Etat en pharmacie, obtenu à l’Université de Montréal (Canada), et d’un Master In Business Administration (MBA), de l’Université de Lille (France), ce qui fait que je connais très bien le monde du médicament, d’autant plus que j’ai derrière moi plus de vingt ans d’expérience dans ce secteur névralgique, nécessitant une technicité de haute facture et un savoir-faire très grand.

J’ai rejoint Saidal depuis une vingtaine d’années et j’ai occupé plusieurs postes de responsabilité en qualité de directrice du Marketing et de l’Information médicale, directrice centrale du Partenariat et de l’Export, directrice Assurance qualité et directrice PMO (Project Manager Officer). Ce poste m’a permis d’avoir une connaissance parfaite de Saidal, en plus de mon expérience passée, car en 2012, j’ai été chargée du suivi du projet de refonte de l’organisation du Groupe pour lequel Saidal a fait appel à un grand cabinet international. J’ai eu pour mission d’accompagner le cabinet dans les investigations menées pour relever toutes les carences organisationnelles, managériales et de présenter une nouvelle organisation cible.

Ce travail en profondeur réalisé au sein de ce poste m’a préparée à occuper celui de P.-dg et à entamer la reconstruction du groupe Saidal.

A l’image de toutes les forces vives du pays, Saidal a été aux avant-postes face à la pandémie mondiale de Covid-19 ; quelles ont été les principales actions mises en place sur le terrain depuis le début de la crise sanitaire, aussi bien sur le plan interne qu’externe ?

De part son statut d’entreprise publique et son rôle d’entreprise citoyenne par excellence, Saidal n’a lésiné sur aucun effort pour participer à la lutte contre la propagation de la Covid-19, à commencer par les actions en interne.

Dès le début de la crise sanitaire, Saidal a pris certaines mesures afin de lutter contre la pandémie en préservant la santé de ses employés, sans pour autant interrompre ou gêner l’activité du Groupe :

- Libération du personnel jugé vulnérable (malades chroniques, femmes enceintes et celles ayant des enfants en bas âge) ;
- Une cellule de crise a été installée dès la première semaine pour le suivi de l’évolution de la situation sanitaire des employés ;
- Mise à disposition des employés des moyens de protection (gants, masques, savon et gel) ;
- Toutes les équipes HSE ainsi que les médecins du travail ont été mobilisés au niveau de tous les sites de l’entreprise pour veiller à l’application des mesures d’hygiène (distanciation, interdiction de visites…) ;
- Suivi quotidien des travailleurs par les médecins du travail ;
- Sensibilisation continue aux mesures d’hygiène ;
- Désinfection régulière des espaces et moyens de transport.

Par ailleurs, et pour faire face à la pénurie de gel hydro-alcoolique, Saidal en a fabriqué une très importante quantité et en a fait don à toutes les institutions étatiques, ainsi qu’aux structures sanitaires à travers la PCH durant une campagne qui a duré près d’un mois. Ensuite, Saidal s’est lancé dans la fabrication du gel en petit et grand formats pour le diriger vers la vente au public à des prix étudiés, dans le but de pallier la demande grandissante. Saidal a également lancé la production de l’Hydroxychloroquine.

Tout récemment, en votre présence, le ministre de l'Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, a annoncé que Saidal a entamé la production de plus de quantités d'Hydroxychloroquine, destinée au traitement des personnes atteintes de Coronavirus ; pouvezvous nous en dire davantage à ce sujet ?

Oui effectivement, Saidal a produit récemment ses premiers lots d’Hydroxychloroquine au niveau de sa nouvelle usine d’El-Harrach. Les premières quantités ont été données, à titre gracieux, à la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) pour contribuer à l’effort national de lutte contre la Covid-19. Une deuxième quantité est prévue à la fabrication pour répondre à la demande.

Les grandes puissances mondiales sont sur le point d’entrer en période post-pandémie et les différentes annonces relatives à la découverte de vaccins se succèdent ; que comptez-vous faire afin d’accompagner cet élan de prévention en Algérie ? Est-il envisageable que Saidal puisse, à moyen terme, produire localement un vaccin générique ?

La production de vaccins nécessite une technicité et un savoir-faire que nous n’avons pas encore mais que nous pouvons acquérir grâce à des partenariats stratégiques. Aujourd’hui, avec la réalisation des nouvelles usines, Saidal possède les capacités de production pour se lancer dans ce genre de projets, et la production de vaccins est inscrite dans notre stratégie future.

La pandémie de Covid-19 n’a eu de cesse de rappeler que l’adaptation par l’innovation constitue la condition sine qua non pour durer sur un marché quelconque ; que propose Saidal à ce niveau-là, à l’heure où la concurrence avec les laboratoires privés se fait rude ? Sur quels projets travaille le centre de bio équivalence ?

S’il faut retenir une leçon de cette pandémie de Covid-19, ce serait plutôt la nécessité d’assurer une sécurité, une souveraineté sanitaire. Aujourd’hui, les grands laboratoires qui ont longtemps délocalisé leur production en Asie pour des questions de coûts sont orientés vers une politique de relocalisation en Europe et aux USA.

En Algérie, on devrait penser à développer une production de matières premières afin de garantir notre sécurité sanitaire, et le secteur du médicament devrait être considéré comme un secteur de souveraineté.

Le gouvernement exige, désormais, que la production locale soit en mesure de couvrir les besoins du marché national à hauteur de 70% ; quelle est la position de Saidal vis-à-vis de cette stratégie ?

Saidal a réalisé un chiffre d’affaires de 9 milliards de dinars en 2019, ce qui est peu pour un groupe de cette taille. Saidal peut espérer de meilleurs résultats par l’augmentation de sa part de marché qu’il compte porter à 20% en 2025, contre seulement 5% aujourd’hui.

Avec ses nouvelles capacités de production, Saidal ambitionne aujourd’hui de renforcer sa position sur les marchés local et régional. Pour y arriver, le Groupe s’est tracé plusieurs objectifs, avec pour action première le parachèvement d’un plan de développement amorcé en 2010 pour l’expansion du Groupe en plus de la valorisation de la ressource humaine, l’amélioration de l’organisation et du système d’information, la promotion de la culture d’entreprise et la mise en oeuvre d’une politique efficace de communication. Quant aux objectifs, ils se déclinent en :

- L’enrichissement et la diversification de la gamme de produits à travers l’introduction de médicaments à forte valeur ajoutée ;
- La diversification des partenariats technologiques pour la production de médicaments issus de la biotechnologie, notamment les insulines et les anticancers ;
- Consolider la position de Saidal sur le marché local et s’ouvrir davantage sur les marchés extérieurs ;
- Mettre en avant l’image de marque et le rôle citoyen de l’entreprise.

Est-il vrai que Saidal s’apprête à mettre en place une politique de spécialisation par forme ? Le cas échéant, quel serait le rôle des unités nouvellement lancées, à savoir Constantine, El-Harrach et Cherchell ? Ont-elles atteint leur vitesse de croisière en matière de rendement ?

La spécialisation par forme n’est pas une nouvelle orientation pour le Groupe car lors de la réalisation du plan de développement, toutes les nouvelles unités créées sont des unités spécialisées.

L’usine de Cherchell est spécialisée dans les formes sèches (comprimés, gélules et poudre), l’unité d’El-Harrach est spécialisée dans les formes sèches (comprimés et gélules), l’usine Constantine 2 est dédiée aux formes liquides en plus de l’usine Constantine 1 qui est spécialisée dans la fabrication d’insuline en flacons et en cartouches.

Les nouvelles usines ont été réceptionnées récemment, donc leur vitesse de croisière en matière de rendement n’est pas encore optimale.

Quels sont les objectifs de votre Groupe vis-à-vis de l’exportation de médicaments, notamment vers les pays d’Afrique, et que signifie pour vous l’adhésion de l’Algérie à la Zlecaf, du point de vue développement ?

Saidal exporte vers les pays d’Afrique depuis assez longtemps, mais de manière ponctuelle. Notre objectif aujourd’hui est de renforcer cette stratégie à l’export et d’étendre notre présence dans les pays de la région (Afrique et Moyen-Orient). Cela est possible aujourd’hui en raison des capacités industrielles importantes que Saidal a acquises avec la réalisation de ses nouvelles usines.

L’Algérie a les capacités nécessaires pour devenir un hub régional et continental. Avec près de 95 unités de production qui couvrent plus de la moitié des besoins du marché national, la production nationale couvre la grande partie des aires thérapeutiques et presque toutes les formes, y compris les seringues pré-remplies.

L’industrie pharmaceutique algérienne a atteint un stade qui lui permet de renforcer les exportations hors hydrocarbures et d’être un levier important de la relance économique.

Est-il vrai que Saidal souffre d’une forme de concurrence déloyale sur le plan commercial ?

Oui, Saidal a longtemps souffert de pratiques anti-concurrentielles. Mais aujourd’hui, avec la création du ministère de l’Industrie pharmaceutique et la mise en place de l’Agence du médicament, on espère que le secteur sera bien outillé afin de veiller à la régulation du marché et à promouvoir des règles éthique de la concurrence.

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