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Exportation de gaz algérien vers l’Europe : La concurrence fait rage

Exportation de gaz algérien vers l’Europe : La concurrence fait rage

Rédigé par Rabah Abdessemed / Energie / dimanche, 19 janvier 2020 10:07

Délicat. Le plus inquiétant pour les gestionnaires de Sonatrach, ce sont les défis auxquels la compagnie sera exposée très prochainement, suite à l’effervescence de plusieurs pays qui tentent à tout prix d’imposer « leur marchandise » sur le marché européen.

 

Les pays européens sont devenus au fil des années une véritable plateforme de la consommation du gaz naturel, mais également un champ de bataille où les potentiels pays exportateurs se livrent des guerres sans merci. De nos jours, les capitaines d’industries, qu’ils dirigent une compagnie publique ou privée, se plient en quatre pour assurer la pérennité de leurs entreprises et mieux les faire évoluer dans le temps et dans l’espace par rapport à la géopolitique mondiale et aux intérêts économiques stratégiques de chaque pays. Autrement dit, une nouvelle manière de voir le monde qui dépasse la simple lecture des données économiques.

S’agissant de la major africaine des hydrocarbures, l’entreprise Sonatrach et son organisation dans la gestion de son commerce international de gaz, plus particulièrement vers l’Europe, il se trouve que l’activité export éprouve beaucoup de difficultés en termes de revenus, puisque ces derniers mois, elle a enregistré une réduction de 25% des ventes, selon le vice-président du marketing de Sonatrach, cité par Bloomberg. Pour rappel, notre pays demeure le troisième plus grand fournisseur en gaz de l’Europe, en lui fournissant 11% de sa demande. D’ailleurs, si l’on croit les conclusions de nombreux rapports finalisés par des experts algériens et internationaux en la matière, force est de constater que le marché gazier de Sonatrach se trouve dans une situation des plus délicates, voire très précaire.

L’une des conséquences de cet état de fait n’est autre que la multiplication des sources d'approvisionnement européennes par le truchement d’implantations de nouvelles infrastructures, notamment dans le sud de l'Europe. Ainsi, la construction de terminaux méthaniers et de gazoducs sur la côte atlantique et méditerranéenne permet d'augmenter l'approvisionnement transitant par le Maghreb ou l'Italie.

L’Union européenne, avec ses 27 membres, est dépendante de l’extérieur dans une large mesure des importations de gaz naturel ainsi que du pétrole d’ailleurs. Cependant, le plus inquiétant pour les gestionnaires de Sonatrach, ce sont les défis auxquels elle sera exposée très prochainement suite à l’effervescence de plusieurs pays qui tentent à tout prix d’imposer « leur marchandise » sur le marché européen. Ainsi, une rude concurrence est à prévoir dans ce sens.

Russie, Etats-Unis, entité sioniste et Turquie

Il y a de quoi en faire une préoccupation majeure. La polémique soulevée en décembre dernier aux Etats-Unis contre le projet russe, le gazoduc Nord Stream 2, s’est achevée par la promulgation d’une loi signée par Trump, imposant des sanctions américaines contre les sociétés engagées dans la réalisation du gazoduc russe. Traversant la mer Baltique, le gazoduc Nord Stream 2 reliera les villes d’Ust-Luga en Russie et Greifswald en Allemagne. Ses deux pipelines franchiront les eaux de la Russie, de la Finlande, de la Suède, du Danemark et de l’Allemagne sur une distance de 1.200 km pour livrer à l’Europe occidentale 55 milliards de mètres cubes de gaz chaque année. C’est dire que l’influence grandissante du gaz russe en Europe effraie évidemment les Etats-Unis, premier fournisseur de gaz dans le monde, et à un degré moindre l’Algérie. Du reste, ils doivent s’attendre à un concurrent de plus en plus sérieux en Europe pour la vente de leur gaz.

L’autre éventuel concurrent que l’on doit prendre en compte est, sans doute, l’entité sioniste qui espère conquérir le marché européen après avoir signé récemment des contrats de livraison de gaz vers l’Egypte et la Jordanie. Les responsables de l’entité sioniste sont en train de poser ce qui est appelé à devenir le plus long gazoduc au fond de la Méditerranée, qui devrait atteindre l’Europe sur une longueur d’environ 2.000 km. La capacité de ce pipeline de gaz sera assez modeste : seulement 12 milliards de m3 de gaz par an.

En tout début de cette année, l’entité sioniste, la Grèce et Chypre ont signé, à Athènes, un accord sur le gazoduc EastMed, un projet « important » pour la Méditerranée orientale. Acheminer du gaz de l’entité sioniste vers le continent européen constitue aux yeux des sionistes une prouesse qui fera de ce pays un potentiel exportateur de gaz qui peut jouer les trouble-fêtes dans la germination du prix du gaz. Quant à la Turquie, la découverte ces dernières années de gigantesques gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé ses appétits. Plusieurs bateaux turcs sont d'ores et déjà à la recherche de pétrole et de gaz au large de Chypre, sujet de tensions avec l'Union européenne, dont Chypre est membre. La Turquie occupe la partie nord de l'île depuis son invasion en 1974.

Les futurs enjeux

Avec une consommation nationale qui double presque toutes les quinze années, passant de 33 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) en 2002 à 60 millions de TEP en 2017, un déficit structurel entre l’offre et la demande du marché national en gaz est inévitable à l’horizon 2030. Néanmoins, le potentiel du pays en réserves d’hydrocarbures demeure important aussi bien pour les ressources conventionnelles que non conventionnelles. Nonobstant ces capacités prouvées, les compagnies étrangères ont affiché un faible intérêt pour le domaine minier national, à en juger par les résultats modestes des quatre appels d’offres organisés sous l’égide de la loi n°05-07. Les causes invoquées pour expliquer cette désaffection sont, principalement, une fiscalité peu incitative et complexe et un cadre législatif et réglementaire instable, d’où le recours à la promulgation d’une nouvelle loi sur les hydrocarbures adoptée en octobre 2019. Par ailleurs, la mise en application de la nouvelle loi va permettre aux responsables de Sonatrach de mieux se positionner sur le marché mondial grâce à une meilleure exploitation des ressources gazières qu’elles soient conventionnelles ou non conventionnelles.

Il faut remarquer que le marché mondial pétro-gazier a fortement évolué depuis 2015, notamment avec l’offre américaine qui est en augmentation constante (12 mbj en 2020), et les États-Unis sont en phase de devenir le leader mondial dans l’exploitation du gaz de schiste et la production pétrolière.

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