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Ziane Bouziane Mahfoudh, P-dg d’El-DjazairTakaful : « Une première en Algérie dans le partenariat entre les assureurs et les banquiers »

Ziane Bouziane Mahfoudh, P-dg d’El-DjazairTakaful : « Une première en Algérie dans le partenariat entre les assureurs et les banquiers »

Rédigé par Rabah Karali / Entretien / dimanche, 20 mars 2022 08:51

A l’initiative de la Société nationale des assurances (SAA), qui demeure présentement le leader du marché algérien des assurances, deux nouvelles compagnies d’assurances viennent d’être créées, dont la SAA est actionnaire par une prise de participation directe dans la 1re société dénommée El-DjazairTakaful, spécialisée dans les assurances dommages (Takaful général) à travers sa filiale Amana assurances, et dans la 2e société dénommée El-Djazair El-Moutahida, spécialisée dans les assurances de personnes (Takaful familial). Dans cette interview exclusive accordée à notre magazine, le P-dg d’El-DjazairTakaful, Ziane Bouziane Mahfoudh, a bien voulu nous donner plus de détails sur cet important projet dédié à l’assurance Takaful.

L’ACTUEL : M. Ziane Bouziane vous êtes le P-dg d’El-DjazairTakaful, comment peut-on vulgariser d’une manière générale le principe du système d’assurance Takaful ?

M. Ziane Bouziane : Ça nous ramène à la définition même du concept Takaful qui est un mode opératoire et de gouvernance avant tout. Tel que définit par le décret 21-81 régissant l’assurance Takaful, c’est un système d'assurance basé sur un mode contractuel auquel adhèrent des personnes physiques et/ou morales appelées (participants). Ces derniers s'engagent à s'entraider, en cas de réalisation du risque ou au terme fixé au contrat d'assurance Takaful. Ils procèdent au versement d'une somme à titre de donation, appelée contribution.

Les contributions, ainsi versées, permettent la création d'un fonds appelé Fonds des participants ou Compte des participants. Les opérations et les actes liés à l'activité d'assurance Takaful obéissent aux principes de la charia islamique. Comparée à l’assurance conventionnelle basée sur « le transfert du risque à l’assureur », l’assurance Takaful est basée sur « le partage du risque entre les assurés ». Le contrat d’assurance Takaful est considéré comme un contrat de donation, contrairement au contrat d’assurance conventionnelle qui est un contrat d’échange. Quant à la prime payée par les assurés, elle prend la forme d’une donation émise par la communauté des participants pour leur intérêt mutuel. Par conséquent, les primes d’assurance (les contributions) sont la propriété exclusive de la communauté des participants, d’où l’obligation de séparer clairement entre le fonds des participants et l’opérateur (la société d’assuranceTakaful) qui n’a aucun droit sur ces fonds. Il y a également cette obligation pour la société Takaful de créer un comité interne appelé Comité de supervision charaïque qui sera chargé de contrôler et suivre toutes les transactions de la société et émettre son avis concernant leur conformité aux normes charaîques établies par l’organe national de l’industrie de la finance islamique créé par le HCI.

Autre particularité du système Takaful, c’est l’obligation de redistribuer les excédents techniques du fonds sur les participants (les assurés) conformément aux dispositions contractuelles. Mais en cas de déficit technique du fonds, l’opérateur est tenu d’accorder au fonds un prêt sans intérêt, qui pourra être récupéré sur les éventuels excédents des exercices à venir.

La Société nationale d’assurance (SAA) a annoncé, récemment, la création d'une société publique spécialisée dans l’assurance Takaful dénommée El-DjazairTakaful ; à quel niveau se trouve actuellement la finalisation du dossier d’agrément ?

En réalité, il s’agit de deux nouvelles sociétés dont la SAA est actionnaire par une prise de participation directe dans la 1re société dénommée El-Djazair Takaful, spécialisée dans les assurances dommages (Takaful général) et, à travers sa filiale Amana assurances, dans la 2e société dénommée El-Djazair El- Moutahida, spécialisée dans les assurances de personnes (Takaful familial). Les deux nouvelles sociétés ont tenu leur assemblée générale constitutive avant la fin de l’année 2021, comme elles ont établi leurs statuts et sont en train de constituer leurs dossiers d’agrément afin de les déposer auprès des autorités compétentes avant la fin du mois en cours.

Quelle est la gamme des produits qui vont être commercialisés prochainement par la société d’El-DjazairTakaful ?

Deux facteurs déterminent la gamme des produits qui vont être commercialisés par notre société. Le premier consiste en la nécessité de faire accompagner les produits bancaires islamiques par des garanties/couvertures d’assurance de même nature. Le deuxième est la nécessité d’anticiper sur les cas de migration de clientèle, parmi les clients actuels en conventionnel, vers le modèle Takaful une fois disponible.

De même qu’un travail de communication envers de nouveaux clients convaincus par l’assurance Takaful, qui se contentent souvent de la souscription de certaines assurances par obligation uniquement, dans le marché conventionnel en l’absence d'alternative Takaful. De ce qui précède, on va commercialiser tous les produits existants actuellement sur le marché, tout en donnant la priorité à l'assurance automobile, l'assurance habitation et l'assurance CAT-NAT, l'assurance multirisque professionnelle et l'Assurance multirisques dommages aux biens, l'assurance engins de chantier, les assurances RC générale et professionnelle, les assurances transport terrestre, maritime et aérien, les assurances agricoles toutes activités confondues et l'assurance-crédit à la consommation. La mise en place de la nouvelle société va nécessiter la contribution au capital des opérateurs publics dans le secteur banque-assurance, à savoir les compagnies d'assurance Caar, Caat, SAA et Cash ainsi que les banques : Cnep BNA, BEA, BDL, Badr et CPA.

Quels sont les objectifs visés par ce regroupement de banques et de sociétés d’assurances ?

C’est une alliance tout à fait logique et naturelle partant du principe que les actionnaires cités en haut appartiennent au même actionnaire qui est le Trésor public. À noter que c’est la première fois que les institutions financières publiques (assureurs et banquiers) mènent ensemble un projet de telle envergure. C’est un signal fort de la part des autorités publiques à l’adresse des acteurs économiques quant à l’engagement de l’Etat algérien à soutenir l’industrie de la finance islamique dans le pays en cette phase de démarrage. A souligner que l’assurance Takaful joue un rôle déterminant dans le développement de l’écosystème de la finance islamique.

On avait deux manières d’agir, où chacun des assureurs publics ouvre une fenêtre pour pratiquer l’assurance Takaful où de se mettre ensemble pour lancer ce nouveau mode opératoire en assurance. Bien qu’elle dispose de tous les atouts lui permettant de démarrer cette activité seule, la SAA a préféré agir avec les autres sociétés d’assurance et des banques publiques pour se lancer dans cette aventure.

Nous avons opté pour une démarche consistant à unir nos forces en tant qu’organismes financiers appartenant au même actionnaire (l’Etat) pour le développement d’un projet commun en mettant toutes les chances de notre côté pour sa réussite

Peut-on affirmer que la nouvelle société commerciale Djazair Takaful sera opérationnelle au courant du second semestre de l'année en cours ?

On est en train d’accélérer les démarches pour être opérationnel avant la fin du 1er semestre 2022. Ça ne sera pas une tâche facile, puisqu’on aura notre propre réseau de distribution et ça nécessite énormément d’investissement en termes de moyens humains et matériels.

Quelle sera votre stratégie de communication pour inciter les citoyens à tirer parti de la commercialisation de ce nouveau système d’assurance Takaful ?

Des efforts et des moyens colossaux devront être mis en oeuvre sur le plan communication. A savoir que le défi majeur n’est pas de capter ceux qui sont déjà convaincus par l’assurance Takaful mais de les fidéliser et de convaincre ceux qui manifestent encore des réserves. Nous considérons que la meilleure manière de les convaincre n’est pas que d’agir sur le côté religieux, en leur garantissant que nos produits sont conformes aux préceptes de la charia islamique mais d’être compétitifs en termes de qualité des prestations (solutions assurancielles et délais d’indemnisation). Le recours aux solutions digitales et numériques des process en interne et en externe auront un grand rôle à jouer en la matière.

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