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Suspension du système des subventions : Le dernier château du socialisme s’effondre

Suspension du système des subventions : Le dernier château du socialisme s’effondre

Rédigé par A. B. / Economie / mercredi, 17 novembre 2021 15:13

Régression. Le passage forcé vers ce système de ciblage risque d’ébranler le front social, déjà en ébullition depuis des années, avec une revendication phare : la préservation du pouvoir d’achat de la classe ouvrière.

Très affecté par la crise sanitaire et politique, l’Algérie sombre dans une crise économique et financière sans précédent. Pour réduire ses dépenses et préserver la réserve de change, le gouvernement décide de toucher à un point très sensible, à savoir celui des transferts sociaux. Il est, donc, question de la suspension graduelle du système des subventions, d’après le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, également ministre des Finances. Un système qui coûte le cinquième des dépenses annuelles de l’Etat, soit plus de 1.900 milliards de dinars, en chiffre, mais aussi le dernier château du socialisme en Algérie.

Politiques, économistes et financiers, leurs points de vue se convergent avec celui du gouvernement. Ces derniers appelaient, depuis déjà des années, à la révision du système des subventions, mais l’oreille officielle n’a jamais été à leur écoute. Le système des subventions était un choix politique, comme l’ont déjà répété à plusieurs reprises les hauts responsables de l’Etat. Il fallait, donc, attendre que le pays soit touché par la rareté des ressources financières pour que le gouvernement décide, enfin, de remettre les pendules à l’heure et annonce la suppression graduelle des subventions. Certes, dans le fond, l’idée est bien meilleure, mais sur la forme que devait prendre ce nouveau système, plusieurs problématiques s’imposent et risquent de compromettre la réussite de cette opération. Comment le gouvernement compte-t-il procéder ? Est-il possible de réussir une opération de telle ampleur en l’absence d’un système d’informations et de statistiques fiables ? Sur ces questions, les économistes, les spécialistes des finances et les syndicalistes restent sceptiques. Leurs points de vue se divergent et chacun tente de son côté de pointer les inconvénients des systèmes appliqués dans d’autres pays et que le gouvernement compte importer.

Quelle forme prendra la nouvelle formule ?

Même si le gouvernement n’a pas encore dévoilé les mécanismes et les méthodes à mettre en place pour la réussite de cette opération, les économistes, quant à eux, pointent les lacunes et les embûches que pourrait rencontrer cette migration des subventions vers un nouveau modèle basé sur le « ciblage » des catégories qui pourront profiter de cette nouvelle mesure. De ce fait, des questions s’imposent sur le modèle que le gouvernement compte appliquer, surtout son efficacité ! Pour l’instant, aucune information n’a filtré sur le sujet. Le gouvernement s’est contenté uniquement d’annoncer la fin du système de subvention directe et le passage obligatoire à la subvention ciblée.

Chèque, allocation, bon alimentaire, de nombreux pays dans le monde ont eu recours à cette méthode pour venir en aide aux personnes défavorisées. A ce jour, aucun des systèmes mis en place n’a réussi une large couverture. Ce qui laisse dire que l’opération n’est pas si aisée, comme essaie de la présenter le gouvernement. Pour l’instant, la seule option envisageable et qui converge les différents points de vue des économistes est celle de la mise en application d’un système déclaratif en premier temps pour permettre la constitution d’un fichier des personnes dans le besoin.

Par ailleurs, du côté des syndicats, la suspension ou bien l’abandon par l’Etat du système des subventions est perçu comme une atteinte au dernier acquis de la classe ouvrière hérité du système socialiste. Autrement dit, un échec de cette opération sera crucial et risque une explosion sociale dont les conséquences seront difficiles à gérer. Le passage forcé vers ce système de ciblage risque d’ébranler le front social, déjà en ébullition depuis des années, avec une revendication phare : la préservation du pouvoir d’achat de la classe ouvrière.

Enfin, il est judicieux d’étudier toutes les éventualités avant l’application d’un nouveau système pour éviter la disparition de la classe moyenne, mais aussi pour protéger l’acquis des luttes ouvrières et la préservation du pouvoir d’achat et le droit à une vie décente. Certes, dans le système actuel, toutes les classes de la société en profitent de la générosité de l’Etat, mais il est temps de mettre de l’ordre dans la maison et de faire en sorte que les aides arrivent aux personnes nécessiteuses.

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